Février 2022 : La lettre économique de l’AFEDE

L’édito du Président

Cher lecteur,

Compte tenu de la flambée sans précédent du prix des matières premières, des composants électroniques et de la tension sur les approvisionnements, l’Afede a organisé le 10 mai 2022 une réunion au cours de laquelle l’économiste Alberto Balboni Responsable Economie International du Groupe Xerfi a fait une analyse rétrospective et prévisionnelle sur les consommations intermédiaires. Marc Pleuvy Responsable économique de l’Alliance des Minerais, Minéraux et Métaux a apporté une analyse sous l’angle de producteur de métaux. Ces dossiers sont disponibles auprès du Secretariat de notre Association.

La présente Lettre essaie de compléter l’analyse sous l’angle entreprises. Est-ce que les entreprises industrielles ont pu sauver leur marge même si la conjoncture a été favorable lors du dernier exercice ? Quelles sont les autres conséquences subies par les entreprises industrielles face à ces tensions liées aux métaux ?

Bonne lecture !

Désiré Raharivohitra

Président

Activité dans le Transport Routier de Marchandises

Le volume d’activité du Transport Routier de Marchandises (TRM) se rétablit et augmente de 1,3 % en 2021, après la baisse de -2,6 % en 2020. Par ailleurs, le transport pour compte d’autrui, qui représente 87 % du total de l’activité, augmente également de 1,3 %. A la même période, 96 % de l’activité du pavillon français est réalisée au niveau national, et 3,9 % à l’international. Après la chute de l’activité en 2020, le secteur a retrouvé depuis début 2021 son niveau moyen d’avant crise.

Cependant, le secteur doit faire face à plusieurs défis qui risquent de pénaliser fortement l’activité économique et la transition énergétique, dont la hausse de coût de production, avec notamment la flambée des prix des carburants. En décembre 2021, le prix du gazole professionnel en cuve enregistre une augmentation moyenne annuelle de 20 % et le gaz de 322 %. De ce fait, à cette date, les camions circulant au gaz sont complètement à l’arrêt. A noter qu’en 2021, entre 15 % et 20 % des coûts de production des entreprises du TRM proviennent des carburants. Du côté des salaires, les négociations annuelles obligatoires (NAO) continuent, et la proposition de revalorisation conventionnelle est de 5 % au début de l’année, à laquelle s’ajouterait une revalorisation supplémentaire de 1% au 1er mai. Les salaires représentent 30 % des coûts de production des entreprises.

En ce qui concerne l’investissement en poids lourds neufs, le solde d’opinion reste encore très éloigné de sa moyenne de longue période. Les immatriculations de poids lourds neufs ont chuté de 24 % en 2020 et il reste très loin de son niveau d’avant crise. De plus, les tensions sur les chaînes d’approvisionnement ont fortement impacté la fabrication de biens d’équipement et de matériels de transport qui ont réduit leurs activités. En conséquence, les délais de livraison des nouveaux véhicules ont augmenté et ils sont passés de 120 jours à plus de 360 jours. Les problèmes de recrutement réapparaissent aussi : en octobre 2021, 67 % des transporteurs estimaient avoir des difficultés de recrutement, contre 53 % en juillet et 40 % en avril. Une tendance en forte hausse depuis fin 2020 et qui risque de se poursuivre en 2022.

Monica Lopez

Déléguée aux affaires économiques à la FNTR

Conjoncture macroéconomique et perspectives sectorielles de l’Afede

Fin 2021, le PIB français se situait 0,9 % au-dessus du niveau de fin 2019. En moyenne annuelle, il a augmenté de 7 % après une contraction de 8 % en 2020. La hausse de l’investissement des entreprises a plus que compensé le recul de 2020. Ce n’est pas le cas de la consommation des ménages qui n’a encore que faiblement augmenté au 4ème trimestre malgré une certaine résilience des services. Les exportations progressent bien au 4ème trimestre, comme au trimestre précédent, mais elles demeurent encore 3,5 % sous leur niveau de fin 2019, en lien notamment avec la faiblesse persistante de certains flux touristiques et des difficultés rencontrées de l’automobile et de l’aéronautique. A ce jour le nombre de faillites d’entreprises demeure bas et le taux de chômage est revenu à son niveau d’avant crise. La reprise de l’économie mondiale s’est traduite par des tensions multiples, suscitant des hausses de prix tout au long de la chaîne de valeur. L’inflation en France s’est accrue sensiblement (+2,9 % sur un an en janvier 2022) mais elle reste en deçà des rythmes observés dans d’autres pays (+7,5% aux Etats-Unis, +5,1% en zone euro). Pour une large part ce ressaut de l’inflation tient au renchérissement de l’énergie qui, outre la fermeté du prix du pétrole, doit beaucoup en Europe aux prix de l’électricité et du gaz. Dans ce contexte, les politiques monétaires marquent un changement de cap en ce début d’année, après deux ans de soutien sans faille. La croissance agrégée des branches s’élèverait à 3,9 % en 2022 selon les prévisions de l’Afede, un chiffre comparable à celui du consensus de janvier pour la croissance du PIB (3,8%).

Hélène Baudchon & Alain Henriot

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Mai/Juin 2022 : La lettre économique de l’AFEDE